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GIFT± Tome 1 de Yuka NAGATE

GIFT± Tome 1

J’imagine que parmi ceux qui me lisent, lorsqu’on leur demande un manga où la notion de moralité est floue, une bonne partie d’entre eux répondra Death Note. Si on leur demande une série, certains répondront Dexter, une série sur un sérial killer assassinant des criminels. Mais le 26 janvier 2017, les éditions Komikku nous propose GIFT±, un manga dont le personnage principal, serait une « Dexter au féminin ».
Vous voulez savoir ce que j’ai pensé de ce premier tome ? Alors, larguez les amarres, on va chasser la baleine ! 

Résumé (Tiré du live)

Tamaki Suzuhara est une mystérieuse jeune fille qui manie le scalpel comme personne. Avec son associé Takashi, elle s’est spécialisée dans la vente d’organes. Leurs proies sont les pires rebuts de la société, les criminels les plus infâmes qui ne méritent plus de vivre !

Avis

Le fait d’utiliser «  Chasser la baleine » n’est pas anodin. Que ce soit dans l’introduction ou dans le manga, la comparaison avec la baleine prend une place très importante et nous fait directement réfléchir à la question de la moralité. (Le Japon a chassé près de 4000 baleines en 12 ans). En réalité, il n’est pas vraiment question de baleines, mais d’humains. Yuka NAGATE nous dépeint dans GIFT± (A prononcer Gift plus minus), une triste facette de la réalité : Pour certaines personnes en attente d’une greffe d’organe, la situation est tellement désespérée qu’elles décident de recourir aux marchés parallèles pour obtenir une chance de vivre quelques années supplémentaires. C’est dans cette situation, qui m’a rendu mal à l’aise, que nous découvrons notre héroïne. Le jour, c’est une lycéenne pour qui la vie est un don qu’il ne faut pas gâcher. La nuit, c’est une trafiquante d’organes. Cette jeune fille aux doigts de fée récupère les organes de criminels ayant gâché leurs vies. Et c’est en cela que la comparaison avec Dexter ou Death Note n’a pas vraiment lieu.

Dans Dexter, le protagoniste tue des criminels, mais prend plaisir à le faire. Son sens de la justice est, pour moi; proche de celui de Kira à ceci près que ce dernier, veut surgonfler ses chevilles. Même si dans ces deux oeuvres, la notion du bien et du mal est remise en question, dans Gift±, ce qui m’a plu, c’est que cette remise en question est encore plus poussée, je dirais même que cette dualité bien/mal est présente symboliquement tout au long du tome. Premièrement, nous avons bien évidemment la métaphore de la baleine, facilement compréhensible. Ensuite, nous pouvons retrouver cette dualité personnifiée en la personne de Tamaki, la protagoniste. Toutefois, elle n’est pas le seule personnage à exprimer cette dualité et Yuka NAGATE a le bon goût de nous montrer que la vie est parfois bien plus complexe qu’il n’y paraît et que parfois ce que l’on peut qualifier de mal est nécessaire pour aider. Dès la première lecture on peut clairement déterminer que les personnages possèdent une profondeur cachée qui n’attend que d’être dévoilée. Dans chaque chapitre, la question du bien et du mal est présente, mais abordée sous différentes manières en plus de celle apportée par la trame principale de l’histoire.
Mais bien que présente dans le scénario et dans les personnages, cette dualité est également dans le dessin de l’auteur.

Yuka NAGATE alterne entre des scènes épurée et généralement blanche le jour, offrant un grand bol d’air frais, pour ensuite fermer toutes les fenêtres violemment avec des scènes de nuit fortes aux traits épais, à la fois sublimes et gênantes, mettant en avant la détresse et les angoisses des personnages sans faire dans la dentelle pour montrer les choses telles qu’elles sont. Attention donc, certaines scènes sont parfois très crues, mais nécessaire pour un résultat saisissant. A cause de tous ces éléments, je pense qu’il serait facile d’être rebuté par l'ambiance macabre qui peut facilement mettre mal à l’aise. Même si je n’ai pas eu cette sensation, je pense que la série mérite que l’on fasse pour l’admirer et la disséquer pour la comprendre.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce premier tome de GIFT ±. Yuka NAGATE nous offre un premier tome saisissant et puissant, nous plongeant directement dans une société sombre mais tristement réelle où la frontière entre le bien et le mal est constamment brouillée. Le tout est très bien mis en scène grâce à des décors alternant entre des traits blancs chaleureux et fin, pour passer à des traits sombres épais et parfois angoissant. Si vous aimez ce genre d’ambiance, je vous conseille fortement ce premier tome. Et si vous avez peur de prendre le risque, je vous conseille de faire le grand saut, le jeu en vaut la chandelle.

Disponible aux éditions Komikku


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